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« Ah ! chère Adèle, je ne réponds pas que ta petite rose garde longtemps sa beauté : Orel (l’aigle) est un oiseau sauvage, qui tout le jour prend sa volée sur les rochers, et sur les montagnes, et qu’il pleuve ou qu’il vente. » C’était M. Beyer qui parlait ainsi.

« N’en aie pas de soucis, papa, » dit le jeune garçon qui contemplait avec délice son petit présent : je la tiendrai bien soigneusement serrée les jours ouvriers que je suis en montagne ; je ne m’en parerai que les jours de fête, et ainsi elle se conservera toujours belle. »

Adèle en était contente. Personne ne pressentait encore qu’elle même serait un jour la rose après laquelle soupirerait Orlik qui transporterait aussi la fleur dans les neiges de ses montagnes pour la soigner, pour la chérir dans la retraite de ses bois, comme sa consolation la plus chère ; non, personne ne se doutait alors que l’amour d’Adèle serait pour Orlik la clarté et le bonheur de la vie.


xvi.


Elles venaient de se passer les solennités de la Pentecôte que grand’mère nommait toujours les fêtes vertes, sans doute parce qu’elle couvrait ce jour-là tout le bâtiment avec des branches de bouleau. Il y en avait des feuillages en dehors et en dedans de la maison, en sorte que tout le monde s’y trouvait sous la verdure, même à table, et au lit. La Fête-Dieu, la saint Jean Baptiste passèrent aussi. Le rossignol ne chantait plus dans les buissons ; les