Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/338

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 328 —

rentre à la maison avec le sentiment doux pour sa conscience d’avoir consolé des affligés.

Les fiancés dans les cœurs desquels tombait, comme sur des fleurs languissantes, la rosée des bonnes paroles de grand’mère, se trouvèrent ranimés ; se tinrent embrassés sous le pommier dont les fleurs cueillies par la brise, tombaient sur leurs têtes. Un chariot à ridelles s’arrêta devant l’auberge pour recevoir les jeunes soldats en partance pour Königgraetz ; et on entendit crier de la cour : « Mila ! — Christine ! » Mais ils n’entendirent rien. Pendant qu’ils se tenaient embrassés, qu’était-ce que le monde pour eux ! C’est que l’un embrassait dans l’autre tout son monde.

Dans l’après-midi monsieur Beyer prit congé de ses bons amis. Madame Proschek, selon son habitude remplit de provisions les gibecières du père et du fils. Les garçons donnèrent à Orel chacun quelque chose en souvenir, Barounka lui mit un ruban autour de son chapeau : Quant à Adèle, qui demandait à grand’mère ce qu’elle pourrait offrir à Orel, il lui fut conseillé de lui donner la rose qu’elle avait reçue de la comtesse. « Mais, objecta l’enfant, vous m’avez dit que je la porterais à ma ceinture quand je serai grande. Et elle est si belle ! »

« Si on veut honorer beaucoup un hôte qui t’est cher, c’est précisément un objet cher et précieux aussi pour toi qu’il te faut lui donner. Donne-la ! Ce qui sied le mieux à une fille d’offrir à quelqu’un, c’est une jolie fleur. Et Adèle mit la belle rose au chapeau d’Orlik. »