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« Je leur ai fait grâce de l’école pour demain, dit la mère, afin qu’ils puissent jouir de la compagnie de notre hôte. »

« Eh bien, mes fils resteront eux aussi, à la maison, pour que vous puissiez passer ensemble une journée agréable. Venez donc demain ; et jusque là bonne nuit, et bonne santé. »

Et monsieur mon agréable frère d’en-bas ainsi que lui disait parfois M. Beyer, appela son chien Hector qui plaisait beaucoup à Orlik et sortit de la maison. Le lendemain matin et avant que les enfants fussent déjà habillés, Orlik se trouvait déjà sur les trains de bois qu’on avait amarrés à la rive. Après déjeuner M. Beyer alla avec les garçons à la vénerie ; et grand’mère, avec Barounka et Adèle, à l’auberge, pour y dire adieu à Mila. La grande salle de l’auberge était remplie de monde. On y voyait les mères, et les pères des jeunes soldats qui se trouvaient sur leur départ ; il y avait aussi leurs sœurs et leurs camarades. Bien que les uns encourageassent les autres ; bien que l’aubergiste et Christine ne suffissent qu’à peine à verser à boire, encore que Mila les y aidât, bien que les jeunes gens chantassent des refrains guerriers ou de gaies chansonnettes, pour se donner du cœur : tout cela était inutile ; rien de tout cela ne servait à leur en donner. Et il ne s’en trouva pas un qui fût, même un peu ivre comme à la journée du recrutement.

Ce jour là ils avaient mis de petites branches de sapin sur leurs bonnets ; ils poussaient des cris d’allégresse, et buvant et chantant pour assourdir et noyer la crainte et la peur. Ce jour-là le garçon le