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voir être autrement. Dieu seul connaît le monde, il voit et lit dans les replis les plus secrets du cœur d’un homme et le juge ; il connaît le langage des animaux, il voit clairement devant lui le calice de la plus humble fleurette ; il connaît la voie du moindre escargot ; le bruit du vent se règle d’après son commandement ; et les eaux coulent par où il leur a assigné la route.

Le chasseur avait cessé de parler ; sa pipe s’était éteinte ; ses beaux yeux brillaient toujours d’un éclat comparable à cette lumière douce et pure qui, pendant l’automne, égaie un vallon alpestre plongé encore dans la verdure et les fleurs, quoique les hauts sommets voisins, soient déjà couverts de neige.

Tous les regards restèrent attachés sur M. Beyer, jusqu’à ce qu’enfin grand’mère rompit le silence ainsi : « Vous avez raison, monsieur Beyer, c’est un plaisir de vous entendre ; et c’est beau comme une explication des vérités religieuses. Mais il est temps que cette jeunesse prenne le repos de nuit. Votre fils se trouve sans doute fatigué du voyage et vous aussi, nous aurons le jour de demain pour nous dire le reste. »

« Donne moi le milan, Orlik, pour le grand-duc. Qu’en ferais tu, » dit le chasseur en prenant le garçon par le bras.

« Je le donne avec plaisir. »

« C’est nous qui vous le porterions demain matin de bonne heure, si vous nous le permettiez » dirent les garçons.

« Mais il faudra que vous allez à l’école. »