Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/320

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 310 —

rattraper. C’est à ses dépens qu’un homme devient prudent et sage ; et m’est avis que le renard est autant avisé qu’un homme. Et ce disant, le chasseur feuilletait encore dans le livre.

« Ce n’est pas en vain qu’on dit d’un homme : rusé comme un renard, dit grand’mére.

« Voici l’aigle s’écrièrent les enfants, regardant un bel oiseau aux ailes étendues, comme s’il se jetait sur sa proie.

« J’en ai tué justement un pareil. C’était un bel oiseau, et j’en ressentais presque de la peine, mais que devais-je faire, une telle occasion ne se représente pas tout de suite. Mon coup porta juste, et c’est le principal, que de ne pas tourmenter un animal.

« C’est ce que je dis aussi toujours, » fit observer grand’mère.

« Mais je m’étonne, ajouta Barounka que vous, monsieur Bever tuiez les bêtes sans en ressentir de peine.

Et vous, n’êtes-vous pas obligées de leur couper le cou, répliqua M. Beyer en souriant. « Mais qu’est-ce donc qui est encore le mieux ? Ou d’abattre l’animal d’un seul coup, et avant même qu’il ait vu le danger, qu’il court ? Ou de ne le prendre qu’après l’avoir effarouché d’abord, puis encore effrayé par vos préparatifs pour lui couper la gorge ? Encore est-ce fait, parfois si maladroitement, qu’il échappe en voletant, n’étant qu’à demi mort.

« Ce n’est pas nous qui mettons le couteau sous la gorge des volailles, dit Barounka, c’est l’ouvrage d’Ursule ; elle n’en ressent pas de peine, et alors