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lui, page par page. « Tu n’avais pas ce livre l’année dernière, » demanda t-il au Jean.

« Non, c’est un cadeau de la comtesse à mon jour de fête, répondit-il, » et j’ai reçu encore, de Christine, une paire de pigeons ; de monsieur le chasseur, des lapins ; de grand’mère, une pièce d’argent, et de mes parents l’étoffe pour un habit !

« Tu es un garçon bien heureux ! reprit monsieur Beyer, qui continuait à regarder les dessins, et y voyant un renard il dit en souriant : « On le dirait vivant. Attends, attends, vilain drôle ; Va, tu me le paieras ! » Guillaume s’imagine que ces paroles s’adressent au renard en peinture, et il regarde avec un étonnement, qui n’échappe point à monsieur Beyer ; car celui-ci ajoute avec un sourire : « N’aie pas peur : ce n’est pas à ce renard-ci que j’en veux ; mais à un vrai renard des montagnes à qui il ressemble fort ; et c’est celui-là qu’il faut que nous attrapions, car il nous cause beaucoup de dégâts. »

« Il est possible que Pierre l’attrape dit Orel ; car je suis allé avec lui tendre des trappes avant notre départ.

« Mon cher garçon, le renard est dix fois plus fin que Pierre ; il fait des combinaisons auxquelles un homme ne penserait même pas, et surtout quand il s’est trouvé, déjà une fois dans la trappe comme celui-là même que je guette. Le gredin ! Nous avions déjà mis de la viande rôtie dans la trappe, et déjà nous croyions le tenir sûrement, car il avait faim ; mais vous imagineriez-vous bien ce qu’il a fait ? Il a préféré mordre dans sa patte cassée et courir encore. Nous aurons bien de la peine à le