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sa voix de basse, mais qui résonnait fort pour un petit local.

Les garçons ne répondirent pas sur le champ ; leurs yeux étaient attachés sur un jeune garçon, du même âge, à peu près que Barounka, et qui se tenait tout près de M. Beyer. C’était un bel enfant qui ressemblait en tout à son père, sans doute il n’en avait ni la membrure, ni la forte carrure, puisque ses joues avaient la fraîcheur et l’éclat des roses, et que les éclairs de joie propres à cet âge brillaient dans ses yeux. « Ah ! Vous regardez mon fils ! Allons, regardez le bien, et lui donnez aussi la main en signe que vous allez être de bons camarades. C’est lui qui est mon Orel. » En disant ces mots, il poussait en avant son fils, qui sans la moindre timidité présenta la main.

Au même instant entrait Barounka avec grand’mère et Adèle : « Voici Barounka, dont je t’ai dit chez nous qu’elle était toujours la première à me souhaiter le bonjour, quand je venais de passer ici la nuit. Mais je vois qu’il y a du changement cette année ; vous fréquentez déjà l’école, et Jenik est déjà obligé de se lever en même temps que Barounka. Vous plaisez-vous à l’école ?

Dis moi, mon Jean : « N’aimerais-tu pas mieux courir dans les bois ? Tu vois mon Orlik ? Le voilà obligé d’aller avec moi à l’affût dans les montagnes, et sous peu ce sera aussi bien que moi qu’il saura manier le fusil. » Et pendant qu’il parlait, tous les enfants étaient rassemblés autour de lui.

« Ne leur en parlez pas, » dit grand’mère. « Jenik voudrait tout de suite voir le fusil d’Orel.