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La conversation fut fort variée selon la coutume. Georges aurait voulu que j’alasse, le jour même, demeurer chez lui ; mais notre oncle ne le trouvait bon qu’après notre retour de Bohème et du pèlerinage de Vambeřitz. Quelques jours après il partait avec moi pour Oleschnitz. Je ne puis vous dépeindre ni l’étonnement où l’on fut de me voir mariée, ni la douleur de ma mère en apprenant que Georges était soldat. Elle se tordait les mains de désespoir et se lamentait perpétuelement de ce que je voulusse l’abandonner, pour aller à l’étranger suivre un soldat ; toutes réflexions qui me faisaient frémir.

Mon père qui a toujours été plein de sagesse et de raison mit fin à tout cela. « Que tu en finisse ! » dit-il à ma mère. Comme on fait son lit, on se couche. Puisqu’ils s’aiment, qu’ils souffrent ensemble ! Tu sais, ma chère femme, que, pour moi tu as aussi abandonné père et mère ; et, du reste c’est le sort de toute jeune fille. Qui est donc la cause de ce que Georges est tombé en ce malheur ? Après tout le temps de son service n’est pas encore si long ; et une fois libéré, il pourra revenir chez nous. Et vous, soyez tranquille, dit-il à la mère de Georges, votre fils est un bon sujet ; il n’aura plus à soupirer après ce qu’il a tant désiré. Et toi, Madeleine, me dit-il ; ne pleure plus, que Dieu te bénisse et te donne d’être heureuse jusqu’au tombeau avec celui qui t’a conduite à l’autel. En disant ces mots mon père me donna la bénédiction, et ses larmes coulèrent. La mère de Georges et la mienne pleuraient aussi. Ma mère qui avait toujours l’humeur inquiète, avait la tête pleine de soucis. « N’est-ce pas grande