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moi quelque chose, dont je ne pourrais pas répondre devant Dieu ? Ce fut ainsi que son oncle me parla à tout. Je crus que Georges en deviendrait fou de joie. Je n’avais d’autre robe que celle que je portais.

Georges m’acheta tout de suite une jupe, une jaquette et un collier de granats que je devais porter à la cérémonie de notre mariage. Son oncle se chargea du reste. Ce sont ces mêmes granats que j’ai encore, la même jupe couleur de colchique et la même jaquette bleu de ciel. Les pèlerins partirent avec la lettre que l’oncle leur avait donnée. Il y faisait savoir à mes parents que je passerais quelques jours à Glatz, après lesquels j’arriverais avec lui ; il ne leur mandait rien de plus. Il vaudra mieux, disait il, que nous disions nous-mêmes les choses en arrivant. Trois jours après nous célébrions notre mariage ; et ce fut l’aumônier militaire qui nous maria dans la matinée. Madame Lidouschka était intermédiaire de fiançailles ; Lliotsky, garçon d’honneur ; sa sœur fille d’honneur ; l’oncle de Georges et un des bourgeois de la ville, témoins ; il n’y avait pas d’autre invité. Madame Lidouschka nous fit servir un excellent déjeuner, et c’est ainsi que nous passâmes cette journée dans la crainte de Dieu, dans la joie et dans le ressouvenir des nôtres si éloignés de nous. Pendant le repas madame Lidouschka ne cessa de taquiner Georges, en lui adressant des paroles comme celles-ci : « Mais je ne vous reconnais pas monsieur le fiancé ; ah ; vous n’êtes plus ce monsieur Georges, à l’air si sombre ; et ce n’est plus étonnant que vous soyez rayonnant de bonheur ! »