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le cœur chagrin, ma chère Madeleine, je suis si heureux de te voir !

« Il fallut bien nous résigner à la situation, quelle qu’elle fût. Georges me conduisit plus tard chez son oncle qui nous accueillit avec joie. Dans la soirée arriva son ami Lhotsky, qui était un digne homme, Georges et lui se sont gardé une amitié fidèle, à la vie et à la mort. Tous deux sont ensemble dans l’autre, et moi, je suis encore en celui-ci.

« Alors, vous n’êtes plus retournée au pays ? N’est-ce pas grand’mère ? Grand’père vous a épousée ? » dit Barounka, qui était revenue depuis quelque temps. Sa question rompait le cours des pensées dans lesquelles grand’mère venait de se plonger au ressouvenir des beaux moments passés dans le doux revoir de son cher Georges.

« Sans doute : il ne voulut pas qu’il en fût autrement. C’était la permission de se marier que l’oncle avait encore obtenue pour lui. Ils attendirent seulement jusqu’à notre retour du pèlerinage. Georges partit le soir et je passai la nuit chez son oncle. C’était un bon vieillard. Que Dieu lui donne le Ciel ! Le lendemain Georges était accouru de bonne heure et il avait une longue consultation avec lui. Puis il vint à moi : Madeleine, dis-moi sincèrement, et en bonne conscience, si tu m’aimes assez pour partager avec moi même les maux, et si, pour moi tu quitterais père et mère. »

« Je lui répondis que je l’aimais assez pour celà. Eh bien ! puisqu’il en est ainsi, reste ici et deviens ma femme, dit-il, me prenant la tête pour me baiser.