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Ah ! ma chère ! c’est que jeunesse n’est pas sagesse. Je n’ai pas écouté mon oncle avec son expérience du monde, alors que je m’étais enfui d’auprès de vous, que tout tournait contre moi et contre mes intentions. J’entrai un jour de dimanche, avec des camarades à l’auberge, et sans faire attention aux réprimandes de mon oncle. Là nous avons tant bu que nous fûmes ivres, et c’est alors que des recruteurs vinrent nous joindre.

« Oh ! les fripons ! » a dit madame Lidouschka, qui apportait alors la soupe ; si monsieur Georges avait été chez moi, il ne lui serait rien arrivé ; car je ne souffre pas leurs mensonges et leurs impostures ; et notre oncle ne va pas ailleurs que chez Lidouschka. Allons : il faut avoir de la conscience, et voir à ce que ces jeunes gens font, quand ils ne sont pas raisonnables. Ne vous désespérez pas monsieur Georges ; vous êtes beau garçon ; notre roi aime à avoir de beaux hommes ; il ne vous laissera pas longtemps simple soldat.

Ça ira maintenant comme ça pourra, dit Georges, ce qui est fait, est fait. Nous n’avons plus conscience de nous mêmes ; les recruteurs nous ont circonvenus et quand je me suis trouvé désenivré, nous étions, Lhotsky, mon meilleur camarade et moi, tous deux soldats. J’ai cru que j’en perdrais la tête ; mais qu’y faire ? Mon oncle, qui en était déjà assez contrarié réfléchissait aux moyens d’améliorer un sort qu’il ne pouvait pas corriger. Il est allé voir le général et a obtenu que je pusse rester ici, avec l’espérance de passer bientôt caporal, et la permission — mais nous nous dirons cela plus tard. Ne me rends pas