Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 297 —

Arrêtons nous d’abord chez madame Lidouschka, pour rajuster un peu nos vêtements, nous dit le guide, quand nous approchions de la ville.

« Nous pénétrions dans une petite auberge du faubourg. C’était à l’auberge de madame Lidouschka que s’arrêtaient tous ceux qui arrivaient de Bohême ; car elle était de notre pays. À cette époque on ne parlait encore que tchèque à Glatz. Madame Lidouschka nous accueillit avec grande joie ; nous dûmes entrer dans sa petite chambre. »

Asseyez-vous d’abord ; je reviens à l’instant vous apporter un peu de soupe au vin, dit-elle, et elle sortit.

J’avais le cœur serré comme dans un étau : d’un côté c’était la joie de le revoir ; de l’autre, la crainte qu’il ne lui fût arrivé malheur ; depuis que nous n’en avions plus de nouvelles. Tout à coup nous enten dons une voix connue saluer madame Lidouschka, qui crie à son tour : Entrez, entrez, monsieur Georges : il y a là des pèlerins de Bohème.

« La porte s’ouvre vivement, c’est Georges qui entre. À son aspect, je restai comme étourdie, par un coup de foudre : il était soldat. La tête me tournait. Georges me tend la main, me prend dans ses bras, et dit presque en pleurant : « Malheureux que je suis ! À peine ai-je eu pris le métier en me débarassant de ce qui ne me plaisait pas que je me trouve sous un autre joug. Si j’étais en Bohème, je servirais du moins mon empereur ; et ici, il me faut servir l’étranger.

Mon Dieu, je t’en prie, dis-moi vite ce qui a amené ton enrôlement.