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effrayés. L’officier envoya des soldats sur tous les chemins pour rechercher Georges, car comme il ne le connaissait pas, il pensait qu’il appartenait à quelque village voisin, où on finirait par le trouver ; mais Georges fut assez heureux pour leur échapper.

« Pour moi, j’évitais le sire, autant qu’il m’était possible ; mais lui ne pouvant se venger autrement, essaya de m’avilir aux yeux des gens du village, comme si j’étais une fille légère. Tout le monde m’y connaissait ; aussi sa vengeance ne lui réussit-elle pas. Puis, et heureusement pour moi, arriva l’ordre pour l’armée de rétrograder. Le Prussien venait de repasser la frontière. Comme toute cette campagne avait été sans résultats les paysans l’appelaient la guerre « des gâteaux », parce que les soldats après être venus manger des gâteaux dans les villages ne firent que rentrer dans leurs foyers.

« Et qu’est-ce qui est advenu de Georges », demanda Christine qui écoutait avec une attention soutenue tout ce récit de grand’mère.

« Nous sommes restés jusqu’au printemps sans rien savoir de lui, par la raison qu’en ces temps si troublés il n’arrivait au village personne qui en apportât des nouvelles. Nous étions donc comme sur des épines. Le printemps arrive, et nous ne savons rien encore, je fais donc le pèlerinage de Vambeřitz, comme je l’avais promis, Plusieurs de nos connaissances y allaient aussi : mes parents me mirent sous leur protection. Notre guide avait été plusieurs fois à Glatz, et mon père le commissionna de m’y conduire, car il en connaissait tous les coins et recoins.