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mière ordination. Eh bien ! voilà qu’un an après Georges revenait au pays comme un habile tisserand de profession. La marraine en pleura affreusement ; mais que faire ? Georges la supplia et lui avoua qu’il n’avait pas le moindre désir de devenir prêtre, quoiqu’il eut été content de faire ses études. Mais l’oncle l’en avait détourné en lui représentant qu’il devait encore longtemps pâtir à rester sur les bancs, avant d’entrer dans les fonctions qui, lui assurassent le pain de la vie ; que mieux valait faire choix d’un métier qui fût plus tôt lucratif ; qu’un métier est un fond d’or pour celui-là surtout qui s’y est exercé de bonne-heure. Bref, Georges se laissa persuader, apprit la tissanderie, et comme il saisissait tout avec goût, il fit de grands progrès dans son nouvel état. L’oncle lui donna des lettres d’apprentissage où bout de l’année, puis l’envoya s’essayer dans le monde et faire son tour, et tout d’abord il l’adressa à une de ses connaissances de la ville de Berlin, où il devait se perfectionner encore. Mais Georges s’arrêta sur sa route, chez nous en Bohème, et ce fut alors qu’il me rapporta ce rosaire de Vambeřitz. » Tout en rappelant cette circonstance, grand’mère tirait de son sein le rosaire en bois de pistachier, dont elle ne se sépara jamais, le considéra quelques instants avec attendrissement ; puis le baisant, elle le serra en continuant son récit ; « Mon père n’avait pas mal pris que Georges fût devenu simple artisan. Il avait encouragé Novotná à ne point en rester dans le désespoir, mais à en prendre son parti. Qui peut discerner le bien et le mieux, disait-il ? Laissez le ! c’est pour lui qu’il travaille. Qu’il reste sage et honnête, qu’il