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« Nous avions grandi ensemble, et avions toujours été bons amis ; mais quand il était revenu après ses secondes et ses troisièmes vacances, je n’avais plus la même hardiesse auprès de lui ; je rougissais ; et quand parfois il arrivait derrière moi au verger, et qu’il voulait absolument m’aider à porter mon faix d’herbe, je me faisais conscience d’accéder à sa demande ; je lui répétai que c’était là chose qui ne convenait point à un prêtre, mais il ne faisait qu’en rire, en me disant qu’il coulerait encore beaucoup d’eau à la rivière avant qu’il fût en état de prêcher ! L’homme propose, et Dieu dispose. Tout à coup, lorsqu’il en était à ses troisièmes vacances, lui arriva de la part de son oncle l’invitation de se rendre à Glatz. Cet oncle, tisserand de son état, faisait de fort beaux tissus, qui lui rapportaient de fort beaux florins. Il n’avait pas d’enfants ; il se souvint de Georges. Notre bonne voisine ne se souciait pas trop de l’y envoyer ; « mais mon père lui représenta qu’il pouvait y aller du bonheur de son fils » et que d’ailleurs un oncle paternel avait bien quelque droit sur le fils de son frère. Il partit. La mère et mon père l’accompagnèrent en même temps qu’ils allaient en pèlerinage à Vambeřitz. Ils revinrent ; mais Georges était resté. Nous ressentions tous du chagrin de ne plus le voir ; mais marraine et moi plus encore que les autres ; mais avec cette différence, entre elle et moi, qu’elle parlait souvent de lui, au lieu que je n’en disais mot à personne. L’oncle avait promis d’avoir soin de lui comme d’un fils. Marraine pensa donc qu’il fréquentait les écoles de Glatz, et elle jouissait de la pensée qu’il recevrait bientôt peut-être la pre-