Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 20 —

n’est-ce pas ? C’est ce qui arrive aux mauvais sujets. Ne l’oubliez jamais ! » Et les chiens ne l’oublièrent pas. Car dès qu’ils apercevaient des canards dans la cour, ils en détournaient les yeux ou préféraient s’éloigner ; ce qui leur regagna la faveur de grand’mère.

Après avoir pris soin de la volaille, elle allait réveiller les servantes, quand elles n’étaient pas encore debout. À six heures sonnant, elle s’avançait vers le lit de Barounka, la touchait légèrement au front, car elle disait que l’âme se réveille alors tout de suite — et lui disait doucement : « Lève-toi, ma chère, lève-toi ! il en est déjà temps. » Elle l’aidait à s’habiller, et allait voir, dans la chambre voisine, si les petits étaient déjà éveillés ; si l’un ou l’autre ne dormait plus et restait pourtant au lit, elle lui disait : Lève-toi vite ; le coq chante depuis longtemps, et tu dors encore ! Est-ce que tu n’en as pas honte ? Elle aidait les enfants à se laver, mais elle ne savait pas les habiller. Elle ne comprenait rien à ces petits habits, où il y avait tant de boutons et d’agrafes ; qu’en devait-elle faire ? ce qui appartenait au devant elle le tournait ordinairement par derrière. Quand ils étaient habillés, elle s’agenouillait avec eux devant l’image du Christ bénissant les enfants, récitait la prière du Notre-Père, etc. ; puis, on se rendait au déjeûner.

Quand il n’y avait pas trop à faire dans le ménage, grand’mère restait, en hiver, assise dans sa petite chambre et devant son rouet ; mais, en été, elle se tenait, avec son fuseau, dans la cour, sous le tilleul ou au verger ; ou encore elle sortait avec