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ministrateur ne peut oublier ce que Mila a infligé de honte à son ancien adorateur ; elle déversera sa bile ; puis, chère grand’mère, il est d’autres choses encore, qui m’ôtent tout espoir.

« Mais le père de Mila a été à la chancellerie ; et, d’après ce que j’ai entendu dire, il y était accompagné d’une assez bonne somme de florins. Allons, il y aurait pourtant de l’espoir !

« C’est vrai ; aussi notre seule espérance repose sur ce qu’après l’avoir entendu, ils ont dit qu’il y aura peut être remède. Mais aussi, il leur est déjà arrivé, et plus d’une fois, de donner de l’espérance, mais point d’assistance ; ils se sont bornés à dire ensuite que ça n’avait pu réussir, et qu’on devait rester en repos. »

« Peut-être qu’il n’en sera pas de même pour Mila. Néanmoins, je serais d’avis que, si la chose tournait mal pour lui, son père dût reprendre l’argent qu’il sacrifie pour le sauver ; puis, ton père à toi, y ajouter ce qui manquerait, pour que tous deux ensemble le rachetassent d’après la voie du droit, et alors vous n’auriez plus d’inquiétude. »

« Si seulement c’était possible, chère grand’mère ! Mais d’abord l’argent que le vieux Mila a versé à la chancellerie est déjà perdu ; puis, mon père n’a pas plus d’argent comptant qu’il ne lui en faut dans notre métier ; enfin, quand même il aimerait beaucoup Jacques, bien loin de vouloir s’opposer à notre amour, il préférerait pourtant qu’un gendre apportât de l’argent au métier, plutôt que d’y en ôter. Et admettons encore que mon père puisse réunir la somme nécessaire, il reste que Mila est d’un caractère trop fier