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tesse ! Et voilà que tout est à vau-l’eau. Pauvre Hortense ! »

Après avoir dit ces mots, Barounka qui avait posé un genou dans le petit sentier, au long de la plate-bande, appuya son coude sur l’autre genou ; et laissant tomber sa tête dans les paumes de ses mains, elle parut absorbée dans ses pensers. Christine s’assit, elle, sous le sureau, et joignit ses mains sur la poitrine. Elle était toute défaite, et avait les yeux gonflés de larmes.

C’en doit être une mauvaise maladie que cette fièvre typhoïde ! Si elle venait à en mourir ! Ah ! mon Dieu, Christine ! As-tu jamais eu la fièvre typhoïde ? demanda Barounka après un moment de silence.

« Non, je n’ai jamais été malade ; mais je crois bien que c’en est fait de ma santé pour l’avenir ! » répondit Christine avec tristesse.

Barounka la regarda fixement, et remarquant combien son visage était changé, elle se leva, alla vite à elle, et pour lui demander : « Qu’as-tu ? Mila serait-il pris ? » — Pour toute réponse, Christine éclata en sanglots.

Au même instant, grand’mère était de retour. « Sont-ils déjà revenus ? » demanda-t-elle aussitôt.

« Non, pas encore, » répondit Christine en détournant la tête. « Mais toute espérance ne serait qu’illusion : Lucie a juré que, si elle n’a pas Mila, je ne l’aurais pas non plus. »

« Et ce qu’elle veut, c’est encore ce que fera le maire, tant il est fier d’elle ! Et monsieur l’administrateur, à son tour, exécute beaucoup de choses, selon le bon plaisir de monsieur le maire. La fille de l’ad-