Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 283 —

pair, disait-elle, l’accord se fait, et le bon Dieu lui-même aime à former cette alliance. « Néanmoins, cette joie était aussi menacée d’une blessure profonde. Mila était parti au recrutement avec les autres jeunes gens, et dès le matin. Or, c’était tout cela que grand’mère avait dans la tête ; et c’était aussi ce qui la rendait triste.

« Grand’mère, voyez donc comme la poule noire fouille ici. Attends, petit singe ! V š š š a ! » C’était Barounka qui parlait. Aussitôt levant la tête, grand’mère voit la poule se sauver du jardin, où elle laissait un trou dans la plate-bande. « Voyez-vous cette poule ! Comme elle est venue, la finaude ! Prends un râteau, Barounka, et redresse la plate-bande. Voyons donc : mais les oies y sont aussi ! En voilà une qui m’appelle ; c’est qu’il est grand temps pour elles d’aller au juchoir ; je me suis un peu oubliée ; il faut que je leur donne leur mangeaille. Et ce disant, grand’mère mit le fuseau de côté, afin d’aller pourvoir les volailles. Barounka restait seule au jardin, pour réparer le dégât commis dans la plate-bande. Christine arrivait une minute après. « Êtes-vous seules ? » demanda-t-elle, en regardant par-dessus la baie ?

« Oui, tu n’as qu’à entrer : grand’mère va revenir. Elle donne à manger à la volaille, » répondit Barounka.

« Où est ta maman ? »

« Elle est allée à la ville voir une de ses amies ; tu sais, que maman pleure toujours, parce qu’il est probable que papa ne revienne pas de toute l’année ; et c’est pourquoi grand’mère a préféré qu’elle allât un peu se distraire en ville. Nous nous réjouissions tant de revoir notre papa, et aussi la com-