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dans leurs prières un « Pater noster » pour sa guérison.

Il est vrai que les enfants finirent encore assez tôt par se résigner ; mais dame Thérèse, qui d’habitude parlait peu, parla moins encore ; et toutes les fois que grand’mère entrait dans la chambre de sa fille, elle la trouvait en larmes. Elle l’occasionna souvent alors à aller faire des visites qui lui procurassent quelque distraction ; car elle avait fort bien remarqué que son séjour dans une habitation isolée n’était point agréable à dame Thérèse qui lui eut préféré la vie au milieu du bruit du monde, elle qui, pendant plusieurs années, avait habité Vienne. Si elle était très-heureuse durant le temps de la présence de son mari, elle s’y trouvait malheureuse, pendant cette partie plus grande de l’année qu’il passait à Vienne ; car alors elle était toujours à se lamenter dans des craintes qu’il ne lui arrivât quelque accident. Mais cette fois-ci, ce serait toute une année qu’ils resteraient, elle et les enfants, sans revoir son mari et leur père. « C’est vie pour vie ! » lui redisait grand’mère.

Jeanne, la seconde fille de grand’mère, devait arriver avec M. Proschek ; car elle voulait voir grand’mère pour jouir de sa présence, et recevoir aussi ses conseils, au moment de se marier. Grand’mère s’était aussi fort réjouie de son arrivée ; et voilà que cette autre espérance était aussi déçue. Avec tout cela, elle se tourmentait encore de la conscription de Mila. Il était devenu un beau jeune homme, plein de droiture ; et Christine, une digne jeune fille ; aussi grand’mère, qui les aimait tous deux, eut fort souhaité qu’ils pussent s’épouser. « Quand pair a trouvé son