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avec leurs petits chevaux de bois. Voitures, fusils, et balles de paume remisaient dans un coin. Ils n’avaient pas été non plus au colombier ; de son côté, Adèle donnait à manger à ses lapins. Le jeudi, ou avait tout à mettre en ordre. Ayant fini d’arroser, grand’mère laissa jouer les enfants, s’assit sur un banc de gazon, établi sous les lilas, et se mit à filer ; car elle ne restait jamais sans rien faire. Elle était triste ; elle ne chantait même pas ; aussi demeura-t-elle sans s’apercevoir que la poule noire s’était introduite dans le jardin, par le clayon resté ouvert, et que n’ayant vu personne qui s’y opposât, elle s’était mise à gratter et à fouiller dans la plate-bande ; L’oie grise, de son côté, paissait le long de la haie, à travers laquelle ses jaunes petits oisons passaient leurs têtes et regardaient curieusement dans le petit jardin. Grand’mère, qu’égayait ordinairement beaucoup leur présence, ne les remarqua pas même, cette fois-là.

Ses pensées étaient ailleurs. Et où ? Le voici : Jean avait écrit de Vienne qu’on n’arriverait pas au milieu du mois de mai, parce que la comtesse Hortense était tombée dangereusement malade. Dans le cas où elle recouvrerait la santé, la princesse viendrait peut-être passer quelque temps dans ses terres ; encore n’était-ce pas sûr. Quand dame Thérèse eut lu cette lettre, elle en pleura, et les enfants pleurèrent avec elle. Et Guillaume, qui croyait n’avoir plus que quelques traits à effacer de derrière la porte ! Voilà donc que toute joie menaçait de s’évanouir !

Que leur bonne et chère comtesse Hortense s’en allât mourante, voilà ce qui ne pouvait leur entrer dans la tête ; aussi ne manquaient-ils jamais d’offrir