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encore se rendre compte de tout ce que les enfants avaient mangé, tant elle s’inquiétait de leur santé !

« Nous en avons mangé un, dit Barounka ; je voulais rapporter l’autre à la maison ; mais pendant que j’écrivais au tableau, Kopřiva me l’a pris dans ma gibecière ; sa place est juste derrière moi. Si je lui en avais dit quelque chose, il m’aurait donné des coups de poing sur le dos à la sortie de l’école, car c’est le meilleur de tous ! »

Grand’mère était donc bien éloignée de donner raison à ses petits enfants, car elle se disait en elle-même : « Et nous autres donc ? nous n’avons pas été meilleurs ! Les enfants connaissaient bien grand’mère pour être plus indulgente que leur mère ; elle fermait les yeux sur plus d’une espièglerie qu’avaient commise les enfants, et elle permettait que Barounka s’abandonnât quelquefois à des accès de gaité plus grande qu’à l’ordinaire. Aussi ses petits enfants se confiaient-ils à elle en tout, plutôt qu’à leur mère, qui, étant d’un caractère plus sévère, traitait aussi tout plus sévèrement.


xiv.


Quelques journées se sont écoulées depuis la première du mois de mai. On était au jeudi. Comme les enfants n’allaient point à l’école ce jour-là, ils aidaient grand’mère à arroser les fleurs et la vigne sauvage, qui, déjà verdoyante, grimpait joyeusement en haut du mur. Ils allèrent aussi arroser leurs arbres. Ils eurent bien assez d’occupation ce jeudi-là ; car il y avait bien trois jours que Barounka n’avait tenu ses poupées, et que les garçons n’avaient couru