Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 279 —

« Et voilà que j’en apprends, de belles choses ! Comment ? tu es surveillant des autres, et tu es le premier à les déranger ! Qu’est-ce que c’est que celà ? » dit grand’mère.

« Ah, grand’mère, » dit à son tour Guillaume, qui jusqu’alors n’avait dit mot ; et il montrait à Adèle un grand morceau de bois doux avec un petit livret d’or battu, qu’il avait reçus à l’école en échange d’un kreutzer ; « Ah ! grand’mère, c’en sont des gamins dissipés à l’école ! Si vous les aviez vus, comme ils sautent par-dessus les bancs et se battent entre eux, et les moniteurs aussi avec eux ! »

Et Seigneur mon Roi ! qu’est-ce que monsieur le maître en a dit ?

Ce n’est pas devant lui qu’ils se montrent tels ; ce n’est qu’en son absence. Car aussitôt qu’ils le sentent venir, ils courent vite à leurs places, posent les mains sur les tables, et le silence s’établit.

« Mauvais garnements ! » dit grand’mère.

« Et les filles donc ! elles jouent aussi, à l’école, avec leurs poupées ! je les y ai bien vues, » dit Jean.

« Vous êtes là tous des fleurettes du jardin du diable ! Il lui en faut à monsieur le maître une sainte patience pour rester avec vous ! » dit grand’mère ! Les enfants lui racontèrent encore plusieurs détails touchant l’école, et ce qui leur était arrivé en chemin. C’était leur première sortie, et ils étaient aussi fiers de cette démarche, faite à eux tout seuls, que s’ils fussent revenus d’un voyage de Paris.

« Et où sont les petits fromages ? Les avez-vous mangés ? » demanda encore grand’mère, qui voulait