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avait ses idées propres, et aimait, comme madame la princesse, à entrer dans les détails.

Ce fut encore Barounka qui répondit : « Grand’mère, aucun des écoliers ne sait l’allemand ; nous sommes les seuls qui le parlons un peu, parce que nous en avons déjà appris quelque chose à la maison, et que papa nous parle aussi allemand ; mais il n’importe guère que les élèves le comprennent ou non, pourvu qu’ils apportent le thème bien fait. » —

« Mais, comment peuvent-ils faire ces thèmes, puisqu’ils ne comprennent pas un mot d’allemand ? »

« Et il sont pourtant assez punis pour ne les avoir pas bien faits, soit que monsieur le maître les note sur le livre noir ; soit qu’il les oblige à rester debout, mais de honte, à leur place ! Quelquefois même, ils reçoivent aussi des coups sur les mains. Aujourd’hui, celle qui est placée à côté de moi, la petite fille du maire, Anina, a dû rester debout à la place de honte ; et c’est parce qu’à la dictée, elle ne comprend jamais l’allemand. Elle se plaignait à moi, sur le midi, alors que nous étions sorties de classe, de ne savoir pas faire son thème ; et de frayeur, elle ne mangeait pas. Alors je le lui ai écrit, et elle m’a donné, en retour, deux petits fromages. »

« Mais tu aurais dû ne pas les accepter, » dit grand’mère.

«  Je n’en voulais pas ; mais elle m’a dit qu’il lui en restait encore deux. Elle était si contente que je lui eusse écrit ses thèmes qu’elle a promis de m’apporter tous les jours quelque chose, à la condition que je lui aidasse à faire ses devoirs d’allemand. Pourquoi ne les lui ferais-je pas, grand’maman ? Dites ! »