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pendant quatorze années. Peut-être réussira-t-il à échapper à cette situation, » dit la vieillotte, et son visage s’éclaira tout à coup, car elle apercevait au loin les enfants qui revenaient. Et eux, de leur côté, en apercevant grand’mère, prirent leur course jusqu’à elle.

« Voyons, Marie, n’as-tu pas faim ? demandait le meûnière à sa fille, après qu’elle l’eut saluée.

« Sans doute que j’ai faim, et que nous avons tous faim, car nous n’avons pas dîné, » répondit-elle.

« Et ce morceau de pain, et les fruits secs, et les gâteaux ? Tout cela n’était donc que rosée ? » dit le meûnier, clignant toujours de l’œil et faisant tourner la tabatière entre ses doigts.

« Mais ce n’est pas là un dîner ! » dit la fillette en souriant.

« Puis, avoir fait tant de chemin, et apprendre autant ! n’est-ce pas vrai, enfants, que tout cela vous donne de l’appétit ? » leur disait grand’mère en riant. Elle mit alors son fuseau sous son bras, en ajoutant : « Partons bien vite pour que vous ne mouriez pas de faim, » et ils souhaitèrent bon soir. Marie dit encore à Barounka qu’elle les attendrait, le lendemain matin, au petit pont ; puis, elle s’empressa de rentrer au moulin près de sa mère. Barounka avait pris la main de grand’mère en s’en allant. « Racontez-moi donc, » dit celle-ci, chemin faisant, « comment tout s’est passé à l’école, et ce que vous y avez appris ? »

« Voyez grand’mère, » dit Jean en sautant de plaisir devant elle, « je suis bankaufser. »

« Je te prie, mon garçon, de me dire ce que cela signifie ? » Ce fut Barounka qui donna l’éclaircissement demandé :