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nous n’en aurons pas aujourd’hui ; eh bien, n’ayez pas peur, marchez lentement, faites des prières, mais ne restez pas sous les arbres, car la foudre les frappe de préférence. Avez vous compris ?

« Oui, grand’mère, et c’est ce que papa nous a déjà dit une fois. »

« Eh bien ! allez et faites mes compliments à monsieur le maître. »

Elle dit et rebrousse chemin aussitôt, pour éviter que les enfants ne voient les larmes qui mouillent ses yeux. Les chiens sautent autour des enfants, comme s’ils allaient les suivre à la promenade ; mais Jean les tire d’erreur en les chassant de l’arrière. À l’appel de grand’mère, ils reviennent auprès d’elle, et ce n’est pas sans se retourner plusieurs fois, dans l’attente d’un nouveau rappel, mais de la part des enfants. Grand’mère se retourne aussi ; mais quand elle a vu que les enfants ont dépassé le petit pont, où Marie les attendait, elle rentra en toute hâte vers la maison.

Elle était pendant toute la journée dans une sorte de rêverie, allant et venant dans la maison comme si elle cherchait quelqu’un.

À peine le coucou eut-il sonné quatre heures dans la grande chambre qu’elle prit son fuseau sous le bras et dit à Adèle. « Viens, petite fille, nous irons à la rencontre des petits écoliers, que nous attendrons près du moulin. » Elles partirent.

Sur un banc placé près de la statue de saint Jean Nepomucène étaient assis, sous les tilleuils, le meûnier, sa femme et quelques uns de leurs chalands. « Vous venez au-devant des enfants, n’est-ce