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les deux autres dans les sacs de cuir des garçons. Elle ajouta au pain, et pour chacun, des fruits secs. Le déjeuner fini, les enfants se mirent en chemin : « Que Dieu vous garde, mes enfants, n’oubliez pas ce que je vous ai dit », leur dit encore leur mère arrêtée sur le seuil. Les enfants lui baisèrent la main, et leurs yeux se remplirent des larmes.

Grand’mère ne leur disait pas encore adieu ; elle les accompagna à travers la prairie ; Sultan et Tyrl y couraient aussi autour d’eux. « Vous mes garçons, obéissez bien à Barounka, quand elle vous fera des remontrances ; car elle est votre aînée » leur disait grand’mère ; « ne faites point sur la route de ces polissonneries qui vous nuisent. Ne soyez pas assis sur les bancs de l’école, pour ne rien faire ; vous le regretteriez plus tard. Saluez tout le monde poliment ; évitez les voitures et les chevaux. Et toi, Guillaume, n’embrasse pas chaque chien, que tu rencontres ; il y en a des méchants, et tu pourrais être mordu. N’allez pas au bord de l’eau et ne buvez pas quand vous avez trop chaud. Et toi Jenik, ne mange pas ton pain avant l’heure. Et à présent allez à la garde de Dieu ; j’irai ce soir avec Adèle à votre rencontre.

« Mais grand’mère n’oubliez pas de nous laisser du dîner, et de tout ce que vous y aurez, » priait Jean. « Allons ! à quoi donc penses tu ? Et comment pourrions nous oublier, dit grand’mère en souriant. Puis, elle bénit les enfants en leur faisant le signe de croix et déjà ils la quittaient, quand se rappelant encore une chose à leur dire : « S’il devait survenir un orage, leur dit-elle, mais je pense que