Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 270 —

Le rossignol recommençait à chanter dans un bosquet situé auprès du petit jardin ; les enfants l’appelaient leur rossignol, parce qu’il revenait tous les printemps faire son nid au même buisson voisin du jardin. La triste mélodie de la complainte de Victoire résonnait de la digue. Les enfants auraient bien voulu sortir encore en promenade ; mais grand’mère les obligea de rentrer.

« Vous savez leur dit-elle, que vous allez dès demain à l’école, et qu’il faut vous lever de bonne heure ; allez vous coucher, si vous ne voulez pas que maman ne se fâche contre vous. » Et elle le fit rentrer tous l’un après l’autre.

Le lendemain pendant leur déjeuner, leur mère leur fit à tous, excepté à Adèle qui dormait encore, ses recommandations sur le soin qu’ils devaient mettre à étudier, à écouter monsieur le maître, à marcher et à se tenir convenablement en route ; recommandations si touchantes qu’elles leur faisaient venir les larmes aux yeux.

Grand’mère leur prépara ensuite leurs provisions de bouche. « Voilà pour chacun sa portion », dit-elle en mettant sur la table trois grands chanteaux de pain, « et vous avez aussi chacun votre petit coûteau de poche. Vois-tu mon Jenik, il y a longtemps que tu l’aurais perdu, en sorte qu’à présent tu n’aurais pas avec quoi couper ton pain », dit-elle, en tirant de sa poche trois petites jambettes à manches rouges. Puis elle fit dans chaque chanteau un petit trou, y mit du beurre qu’elle recouvrit avec la mie qu’elle en avait tirée ; déposa un chanteau dans la gibecière en paille de Barounka, et