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« Ce n’est rien, c’est le vent qui se joue dans les feuilles, » répondit grand’mère, qui ajouta : « Ce vent léger fait bien. »

« Pourquoi du bien ? »

« Parce que les arbres se penchent l’un vers l’autre. On dit que, quand les arbres en fleurs se penchent l’un vers l’autre comme en s’embrassant, ils donneront bonne récolte.

« Ah, grand’mère, que c’est dommage, au moment des cerises et des fraises, alors qu’il y a tant de plaisir, de rester tristement assis sur un banc de l’école » dit Jean.

« Il n’en va pas autrement, mon garçon ; tu ne peux pas rester toujours à la maison, et n’y faire que jouer. À présent vous devez avoir d’autres soucis et aussi d’autres joies. »

Et moi aussi, je serais contente de fréquenter l’école, » dit Barounka ; « je ne serais triste, bonne maman, que de ne pas vous voir de toute la journée. »

« Et vous me manquerez bien aussi, mes chers enfants ; mais qu’y faire ? L’arbre fleurit, l’enfant croît ; l’arbre perd ses fleurs, le fruit en tombe ; l’enfant devient grand, et quitte ses parents. C’est la volonté de Dieu.

Aussi longtemps que l’arbre demeure sain, il produit du fruit ; que s’il devient sec, on l’abat ; on le met dans le feu ; le feu de Dieu le consume ; puis avec sa cendre, on engraisse la terre, sur la quelle croîtront encore d’autres arbres.

C’est ainsi que votre grand’mère aura bientôt fini d’avoir filé sa tâche, et que vous l’ensevelirez pour le grand sommeil, ajouta la vieillotte à demi-voix.