Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 268 —

rent le feu en sautant par dessus ; et alors c’était à qui en enverrait plus loin les débris.

« Regardez : il faut que cette vieille sorcière vole le plus haut possible » s’écria Mila, et saisissant le balai, il le jeta si vigoureusement dans l’air, qu’il vola bien haut en sifflant pour aller tomber presque dans le champ emblavé, près duquel se tenaient les spectateurs.

En voilà une sorcière qui fait du bruit, dirent en riant les jeunes gens et déjà ils couraient après le balai poissé, qui pétillait comme une fusée. Et ils applaudissaient à Mila. Aussi bien entendait-on arriver jusque-là les cris de joie les rires et les chants qui partaient également des montagnes de Žernov et de Žlitsch. Des figures fantastiques passaient exécuter des mouvements sauvages tout autour de la braise ; de moment en moment il s’en échappait un lutin qui au milieu de l’air, secouant dans l’air sa tête en feu, en faisait jaillir des milliers d’étincelles, jusqu’à ce qu’il tombât, aux risées des spectateurs. « Eh ! voyez donc ! En voilà encore une qui a volé haut, s’écria Marie, en faisant signe du doigt, vers la montagne de Žernov. Mais une des femmes lui abaissa le bras, en lui rappelant qu’il ne fallait pas montrer au doigt les sorcières ; sinon, l’une d’elles pourrait bien lancer une flèche contre son doigt. Il était déjà tard, quand grand’mère retourna avec les enfants à la maison. « Grand’mère, n’entendez-vous rien ? » lui dit Barounka, à voix basse, en l’arrêtant près de la maison, et au milieu du verger en fleurs « il me semble que quel que chose fait un léger bruit. »