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du château. Les garçons portaient de vieux balais sur leurs épaules. Sur le sommet étaient déjà rassemblés Christine, Mila, Marie avec tous les domestiques de la ferme et du moulin. Venceslas Coudrna et ses frères aidèrent Mila à poisser les balais ; les autres empilaient du bois mêlé de ramilles de sa pins pour faire un bûcher et y mettre le feu. La nuit était belle : tiède, caressait la barbe des épis verts, qui ondoyaient ; en même temps qu’il distribuait partout l’odeur des fleurs du parc, et des vergers en fleurs dans toute la montagne. Le cri d’un hibou se fit entendre du bois voisin ; le merle chanta ensuite sur le haut peuplier près du grand chemin ; puis prenant la parole, le rossignol chanta ses phrases harmonieuses dans les buissons du parc d’où elles montaient jusqu’en haut Tout d’un coup la flamme jaillit sur la colline de Žlitsch, et le moment d’après sur la montagne de Žernov ; puis des feux, plus ou moins ardents, couraient et sautillaient à travers les côtes. Et plus loin encore sur les montagnes de Náchod, et de Neustadt on apercevait circuler des flammes et des lumières dansantes. Mila enflamma à son tour son balai poissé, et le jeta dans le bûcher qui en un moment, était en flammes. Les jeunes gens se mirent à sauter ; chacun prit un des balais poissés, l’enflamma et le lança en l’air aussi haut qu’il put, en criant : « Vole, sorcière, vole ! » Puis, ils se rangèrent et commencèrent à exécuter des danses avec leurs flambeaux ardents, tandis que les filles, se tenant par les mains, tournaient en chantant autour des flammes du bûcher ; quand il commença à être consumé, elles dispersè-