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bouleaux que grand’mère avait plantés pour les filles, que les sapins attribués aux garçons. Ces enfants avaient, sous le poirier bâti une petite chaumière, qu’entourait un petit jardin, fermé d’une haie ; ils avaient creusé une petite rigole au dessus de laquelle ils avaient établi de petits moulins qui tournaient quand l’eau de la pluie qui venait de tomber les avait remplies. Un petit four en terre argileuse recevait les gâteaux et les petits pains qu’Adèle se plaisait à y faire cuire. Il n’y a plus trace de tous ces petits monuments de leur vie enfantine. Pauvres enfants ! leur dit grand’mère qui souriait en écoutant toutes leurs lamentations. Comment votre petit jouet pourrait-il résister au courant de l’élément déchaîné qui a pu abattre des arbres séculaires et emporter des maisons solides.

Les ardeurs du soleil eurent bientôt séché les champs, les près et les chemins ; le vent dispersa les alluvions ; l’herbe reprit même une teinte plus fraîche ; tout le dommage fut bientôt réparé ; mais si la nature montra peu de traces de la terrible inondation, le souvenir s’en conserva longtemps dans la mémoire des hommes. Les enfants saluèrent avec des cris de joie le retour des hirondelles et se réjouissaient fort de l’arrivée prochaine de M. Beyer ; puis du retour de leur père. On était à la veille de la saint Jacques et de la saint Philippe. Après que grand’mère prenant le morceau de craie, bénite le jour de la fête des Rois, eut tracé trois croix, sur le côté extérieur de toutes les portes, soit de la maison, soit des étables et au poulailler, elle se rendit avec les enfants sur la montagne nue près