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ici, je l’aurais sur la conscience. Et s’il est nécessaire que quelqu’un reste avec nous, eh bien ! que ce soit Jacques qui le peut plus aisément ; on n’a pas besoin de lui à l’auberge, où il n’est, pas à craindre que l’eau monte plus haut que là où est l’étable. Et ils se séparèrent.

Le bâtiment resta envahi par l’inondation jusqu’à minuit. Les gens allaient et venaient le long de la côte de Zernov avec des lumières ; le chasseur descendit aussi par la côte vers le bâtiment. Et sachant d’avance que grand’mère ne dormirait point, il cria et siffla, pour savoir comment tout s’y comportait. Jacques lui répondit de la fenêtre de la chambre, en lui recommandant de veiller à ce que madame Proschek ne fût point inquiète pour sa mère ; sur cette réponse, le chasseur se retira.

Les premières clartés du matin montrèrent toute la vallée changée en un vaste lac. Dans la chambre de la Vieille-Blanchisserie on ne pouvait circuler qu’en marchant sur des planches, et Mila eut même grand peine à passer sur la côte pour porter à manger à la volaille ; l’eau accourait avec une telle rapidité sur la chaussée que Mila faillit en être renversé. Dans la journée tous les habitants de la vénerie en descendirent pour voir ce qui se passait dans la vallée. En apercevant dans leur habitation submergée comme grand’mère marchait par dessus les planches, pour pouvoir aller et venir dans la chambre, les enfants se mirent à crier et à pleurer, au point de ne pouvoir être apaisés qu’à grand’peine. Les chiens regardaient par les lucarnes ; et quand Jean les appela, ils répondirent par des aboiements, et