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bien de la fenêtre, le balancement des ondes, encore que la maison fût bâtie bien bas, et que les bords de la rivière fussent assez élevés. Elle mît de côté son fuseau, et joignit les mains pour prier.

Ursule entra dans la chambre. L’eau mugit avec une impétuosité terrible à entendre ; et comme si les animaux étaient dans l’attente d’un désordre de la nature, ils se tiennent cachés ; on ne voit pas même de passereau. » dit-elle, en essuyant le banc placé près de la fenêtre.

Au même instant on entendit le bruit d’un galop de cheval. Un cavalier était accouru de la digue par le grand chemin. I] s’arrêta près de la maison en criant : « Sauvez-vous du danger, voici l’eau des montagnes ! » Et il repartit au galop, le long de la chaussée jusqu’au moulin ; puis, du moulin jusqu’à la petite ville.

« Que Dieu nous garde ! Cela va mal par là, en haut, puisqu’ils ont envoyé un exprès, dit grand’mère en pâlissant. Elle encourageait pourtant Ursule, à n’avoir pas de crainte. Elle alla voir encore, si tout était en sûreté, et si la rivière n’était pas déjà répandue sur ses bords. Elle y rencontra monsieur le meûnier. Il avait chaussé des bottes qui lui allaient au-dessus du genou ; il montra à grand’mère, comment l’eau était déjà débordée du lit de la rivière et de la rigole.

Mila et Coudrna vinrent faire leurs offres de services à grand’mère, pour qu’elle ne restât pas seule dans le bâtiment. Mais grand’mère remercia Coudrna, en le renvoyant chez lui : « Vous avez des enfants, lui dit-elle ; si un malheur vous arrivait