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« Et à présent il faut que vous suiviez les enfants, pour que la femme du chasseur n’eut pas trop de peine avec eux, dit grand’mère à sa fille et à Betka, quand toute disposition eut été prise ; pour moi, je reste ici avec Ursule. Et si l’eau vient à envahir le bâtiment, nous monterons au grenier ; mais j’espère, qu’avec l’aide de Dieu, tout n’ira pas si mal que nous soyons emportées avec la maison, à raison de la pente moins rapide elle se trouve moins compromise que celle du moulin ; les pauvres gens, ils doivent être bien inquiets ! Madame Proschek fut longtemps sans vouloir consentir à ce que sa mère restât, mais comme celle-ci ne céda pas, elle fût obligée de partir sans elle. Au moins que les chiens ne vous quittent pas ! Ce fut la dernière recommandation qu’elle fit à sa mère en quittant la maison.

« Ne crains rien, ils savent très bien, où trouver protection ; ils ne nous quitteront point. » Et en effet grand’mère pouvait aller ici ou là ; Sultan et Tyrl étaient toujours sur ses traces, et quand elle s’assit avec son fuseau, près de la fenêtre d’où l’on voyait la rivière, ils se couchèrent à ses pieds. Ursule, qui passait ordinairement les journées à frotter, à laver, à ranger, se mit alors à nettoyer les petites étables, sans se douter qu’une heure après, elles allaient être remplies d’eau et de vase.

La nuit venait et l’eau augmentait toujours davantage, et au point que le lit de la rigole ne suffisait plus à la contenir. La prairie derrière la digue était déjà sous l’eau ; et là où les saules n’arrêtaient point sa vue, grand’mère voyait très