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certaine mine qui montrait bien, que cette solitude ne lui serait pas trop agréable, mais serait au moins supportable, à raison de la présence de grand’mère. En ce moment le meûnier passait, et tendant une lettre à Barounka il dit : Courez la porter à votre maman, et lui dites qu’un garçon du moulin à été à la ville, où il l’a reçue au bureau de poste.

« C’est une lettre de papa ! » s’écrièrent les enfants joyeusement et en courant à la maison. Madame Proschek lut la lettre, le visage royonnant de joie : la lecture terminée elle annonça à tous que leur père arrivait vers le quinze du mois de mai, ainsi que madame la princesse.

« Combien de fois avons-nous à dormir encore ici-là ? » demanda Adèle. —

« À peu près quarante fois, » dit Barounka.

« Oh Dieu, cela durera encore assez longtemps, » dit la fille en fronçant les sourcils.

« Mais sais-tu bien ce que je vais faire, disait Guillaume par manière de conseil : tracer quarante lignes sur la porte, et tous les matins en me levant j’en effacerai une. »

Oui, fais-le, dit la mère en riant, le temps s’écoulera plus vite.

Le meûnier qui venait de la digue s’arrêta. L’expression de son visage était soucieux, il ne faisait ni grimaces, ni clignotements d’yeux ; la tabatière qu’il avait à la main, ne tournait pas entre ses doigts ; « Savez-vous ce qu’il y a de nouveau, mes gens ? dit-il en entrant dans la chambre.

« Qu’est-ce qui est arrivé ? » demandèrent grand’mère et madame Proschek tout d’une voix ; car elle