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« Ce n’est pas notre affaire ; et toi tu ne pourrais jamais faire un pareil chapeau » lui dit Barounka, en montrant à ses frères un petit chapeau fait de feuilles d’aune, et garni de marguerites, dont elle avait attaché les feuilles l’une à l’autre avec des aiguilles de sapin.

C’est tout de même un grand art, dit le garçon en secouant la tête. « Non pas pour moi, mais pour toi » répondit en riant Barounka, qui se mit alors à garnir le chapeau, et à faire un corps de poupée de la moelle de sureau.

Cependant Jean avait mis sur ses genoux une baguette de sureau, et s’adressant à Adèle : Allons ! écoute, lui dit-il, et regarde bien comme je vais faire ; et se mettant à tailler son morceau de sureau : « Taille toi bien, petit sifflet. Ou si tu ne te tailles pas bien, je me plaindrai à monsieur le prince et il te donnera un tel coup que tu en voleras jusqu’à la cruche d’or.

Le sifflet était fini, et sifflait bien. Mais Guillaume fit la réflexion qu’on ne l’entendrait pas aussi bien que celui du berger Venceslas. Alors il n’eut plus de goût à faire des sifflets ; il disposa des baguettes du menu pour en construire une petite voiture, à laquelle il s’attela et se mit à courir par la prairie, avec les chiens derrière lui.

En donnant à sa sœur une petite poupée qu’elle avait faite Barounka ajouta : Tiens, voilà ! mais apprends à en faire toi même, en attendant que nous fréquentions l’école ; car si tu ne sais rien faire, qui jouera avec toi ? Tu resteras seule ici. Grand’mère y sera, répondit la fillette avec une