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était la coutume dans la famille Proschek, car un mot de grand’mère y faisait loi.

Une activité comparable à celle qui se déploie en tout temps sur le pont de Prague s’exerçait le Samedi saint à la Vieille-Blanchisserie et déjà de grand matin ; à la chambre commune, à la cuisine, à la chambre du four, on ne voyait qu’ouvrières affairées, qui n’avaient toutes qu’une réponse à donner aux petits enfants qui voulaient encore les surcharger de leurs petites affaires ; cette réponse, toujours la même était qu’elles ne savaient pas déjà plus où donner de la tête ; et Barounka même avait tant de choses à faire que l’une lui en faisait oublier une autre. Mais, sur le soir, quand tout fut bien en ordre dans la maison, grand’mère se rendit avec Barounka et sa fille à la cérémonie de la Ressurection.

Lors donc que dans l’église brillamment illuminée, et toute remplie de pieux fidèles, sortit de toutes les bouches ce chant solennel : « Voici le moment où ressuscite notre cher Rédempteur : Alléluia ! » un sentiment puissant s’empara de la jeune fille ; sa poitrine se gonfla, elle eut été plus à l’aise au dehors, dans le vaste champ de nature, où elle aurait pu s’abandonner sans contrainte à l’immense allégresse qui résonnait tout haut dans son âme. Toute cette soirée, elle ressentit une joie qui ne lui était rien moins qu’ordinaire ; aussi lorsque grand’mère lui souhaita la bonne nuit, » elle se jeta à son cou et se mit à pleurer.

« Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi pleures-tu, » lui demanda grand’mère.