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dessus de la scierie les femmes qui y demeuraient, agenouillées aussi sur le versant de la montagne.

« Regardez grand’mère, la beauté du soleil levant, » dit Barounka, toute absorbée dans la contemplation de cette clarté céleste. Si aussi bien, c’était au Schneekoppe que nous fussions maintenant agenouillées.

« Il y a place partout pour invoquer Dieu, avec ferveur. — Pour cela, toute terre qu’a fait le Seigneur est belle, » dit grand’mère, en faisant le signe de la croix en se relevant. Comme elles jetèrent alors les regards tout alentour, elles virent au dessus d’elles, et au plus haut de la côte, Victoire appuyée contre un arbre. Ses cheveux humides crépus, tout humides de rosée étaient pendants le long de son visage, elle avait la robe en désordre, le cou découvert ; ses grands yeux noirs qui brillaient d’un éclat sauvage se portaient vers le soleil levant ; elle tenait à la main la primevère, nommée clef de saint Pierre. Il ne paraissait point qu’elle eut remarqué la présence de grand’mère. « Où est donc allé la pauvre créature, dit-elle à Barounka, d’un ton de compassion.

« Et où a-t-elle donc trouvé déjà cette primevère ? »

« Probablement sur la cime de la montagne ; car elle y connaît chaque sentier. »

« Je veux lui demander de me la-donner, » dit la fillette en montant rapidement à la côte. Victoire fut alors comme tirée de ses pensées et elle se retourna vivement pour s’esquiver. Mais entendant Barounka lui crier : « Je t’en prie, Victoire, donne