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grenier elle ne fera plus tourner son fuseau. « Si Dieu nous conserve en bonne santé jusqu’à l’hiver, nous le redescendrons, » répondait grand’mère.

Le jeudi saint les enfants savaient déjà qu’ils n’auraient à déjeûner pour le vendredi saint que de petits gâteaux dits de Judas avec du miel.

Il n’y avait pas d’abeilles à la Vieille-Blanchisserie ; mais le meunier y envoyait toujours un gâteau de miel, quand il travaillait l’intérieur de ses ruches. Il était apiculteur, possesseur d’un grand nombre de ruches ; aussi avait-il promis à madame Proschek de lui réserver dans la saison, un bel essaim. C’est qu’il avait plus d’une fois, entendu dire à grand’mère qu’elle ne désirerait rien autant qu’une ruche ; que c’est une jouissance pour l’homme que de voir voler les abeilles d’une ruche à l’autre et travailler activement toute la journée.

« Barounka, lève toi, le soieil va bientôt se montrer, disait grand’mère le vendredi saint ; et pour éveiller sa petite-fille elle lui donnait un léger coup sur le front. Barounka qui avait le sommeil léger s’éveilla tout de suite, et à la vue de grand’mère déjà debout auprès de son lit, elle se rappela que la veille, elle avait prié grand’mère de la réveiller de bon matin. Elle sauta à bas du lit, s’habilla prestement et sortit avec grand’mère, qui réveilla aussi Ursule et Betca.

Nous laisserons dormir les enfants, ils ne comprendraient rien encore ; mais nous ferons des prières pour eux, dit-elle. Aussitôt que la porte s’ouvrit, la volaille et le bétail firent entendre leurs divers accents, les chiens s’élancèrent hors du chenil.