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le pouvait plus : la glace se gerçait, et de proche en proche, un morceau détaché commandait l’autre, selon l’expression du meûnier quand il allait dans la matinée, voir à l’écluse, et s’arrêter un moment pour causer avec grand’mère.

Ils sont passés le premier, le second et le troisième dimanche de carême. Au cinquième dimanche nommé celui de la-Mort, les enfants se sont réjouis : « Nous allons aujourd’hui mettre la Mort dehors et les filles ajoutèrent : « C’est aujourd’hui à nous de chanter. Grand’mère fit pour Adèle ce qu’on nomme l’été : c’est à dire une baguette autour de laquelle elle avait réunis des coquilles d’œuf, ramassés des jours précédents et liés avec des rubans rouges, couleur qui marquait mieux la gaîté. Dans l’après-midi toutes les jeunes filles se rassemblèrent au moulin, où l’on habilla la Mort. Cécile fit une javelle de paille, chacune des filles y suspendit quelque chose de son vêtement. Mieux Mořena était habillée, et plus elles s’en montrèrent fières. Quand elle fut bien parée, deux d’entre elles la prirent par les bras, les autres se rangèrent deux à deux derrière elles, et faisant tourner leurs étés, elles chantaient : « Nous portons la Mort hors du village ; nous y ramenons l’été, et elles allèrent ainsi du moulin vers la digue. Les plus âgés d’entre les jeunes gens les suivaient à quelque distance ; mais les garçons vinrent tourbillonner à l’entour avec force gestes satyriques, et dans l’intention d’arracher à la Mořena son bonnet. Les filles la défendirent, et parvenus jusqu’à la digue, elles la déshabillèrent bien vite et jetèrent la javelle de paille à la rivière