Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 246 —

quand vous allez quelque part ; on se doit à soi même, ainsi qu’à la société qu’on fréquente, de mettre ses beaux habits, quand on peut le faire. « Mais il faut qu’il soit bien riche n’est-ce pas ? » demandèrent les enfants.

« C’est ce que je ne sais pas ; je n’ai pas regardé dans son coffre ; ce que je sais c’est qu’il sait faire l’article.

Les derniers jours de carême-prenant se passèrent dans le vacarme d’une grande mascarade ; en tête se présentait Carnaval en personne : il était tout couvert de paille de pois et ressemblait à un ours. Les ménagères lui arrachèrent des tiges sèches qu’elles serrèrent pour les mettre plus tard dans les nids des oies, quand elles les feraient couver, afin pensaient-elles, qu’elles en restassent plus tranquilles.

Le carnaval passé, tous les divertissements d’hiver se trouvaient avoir pris fin avec lui. Grand’mère chantait d’en filant ses cantiques du temps de Carême et quand les enfants s’asseyaient auprès d’elle, elle leur parlait de la vie de Jésus Christ, et le premier dimanche de carême elle portait un vêtement de couleur sombre. Les jours devenaient plus longs, et les rayons du soleil plus puissants, la neige fondait sur la côte au souffle d’un vent déjà chaud. Les poules gloussaient déjà moins tristement dans la petite cour ; et quand les ménagères se réunissaient elles parlaient du lin déjà filé tandis que les hommes préparaient les charrues et les herses. Monsieur le chasseur voulait-il alors passer directement par la rivière de la forêt à la Vieille Blanchisserie il ne