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thée les regardait d’un air assez piteux : elle tremblait de froid. Elle les engagea à rentrer ; mais sa parole se perdait étouffée par les cris de tous, et elle lui fallait se résigner à n’être que le muet témoin de leurs combats et ripostes à coups de boules de neige quand, par hasard, sur la glissoire, ils venaient de se heurter l’un l’autre. Ils finirent par rentrer à la maison, où ils furent reçus, et par des aboiements terribles des chiens, et par des cris de joie de la part des enfants. Ils rangèrent leurs habits près du poêle, après avoir déposé leus gibecières. Leur costume d’acteur était fort simple. La vierge Dorothée portait les bottes de son frère, et par dessus sa robe elle avait un vêtement blanc que lui avait prêté Marie. En guise de voile, elle portait un grand fichu blanc, surmonté d’une couronne en papier ; et un collier en coraux complétait cet accoutrement. Celui des garçons consistait en une chemise, blanche, passée par dessus leurs habits. Elle était liée en façon de ceinture, par un mouchoir rouge, et leurs coiffures étaient également en papier. Le papier faisait l’étoffe de la couronne de Dioclétien. Le manteau jeté sur ses épaules, était un tablier à fleurs, porté par sa mère les dimanches seulement, et qu’elle avait complaisamment prêté. Quand ils se furent rechauffés un peu, ils vinrent prendre place au milieu de la chambre et commencèrent leur représentation. Les enfants y assistaient tous les ans ; mais la pièce leur plaisait toujours. Quand l’empereur païen Dioclétien eut condamné la vierge chrétienne, Dorothée, à périr de la main du bourreau, les valets de l’exécuteur la prennent par