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train. La cuisine était carrelée en briques ; mais les filles n’y prenaient point garde, et ceux qui faisaient attention, à cause de leurs souliers, dansèrent pieds nus. Et le moyen, grand’mère, de ne pas nous dérider aussi, en dansant un peu ensemble, dit le meunier tout en faisant sa moue ; car il venait de sortir de la chambre où se tenaient les anciens, et d’entrer dans la cuisine parmi les danseurs. Et c’était là qu’il trouvait grand’mère, surveillant ses « petits poulets » qui dansaient aussi, au beau milieu de la pièce avec Tyrl et Sultan.

Eh ! mon cher compère, il est loin le temps où je ne craignais pas de voir se former les durillons même sanglants, quand il fallait danser. Dès que je paraissais dans la salle en hiver, sur l’aire de la grange en été, les jeunes gens criaient : Voici Madeleine, musiciens, jouez la vrták. Et Madeleine volait en avant. Et maintenant, mon Dieu ! je n’ai que le souffle, comme la vapeur au dessus.

« Quant à ça grand’mère vous êtes encore fraîche comme une caille, mère et nous pourrions essayer d’une petite danse, » dit le meunier qui, comme à l’ordinaire, faisait tourner sa tabatière entre ses doigts.

« Voici une bonne danseuse, bon compère, et qui tourne comme l’arbre du moulin. » C’était la jeune femme de Thomas, que grand’mère prit par la main et qui, postée derrière le meûnier lui avait entendu faire son invitation.

Elle prit gaîment le meûnier par la main, en disant à Coudrna de jouer sur une mesure plus lente. Il tenait d’une main un morceau de rôti, dont il mangeait entre temps ; de l’autre, il pressa sur