Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 15 —

apportèrent des chiffons pour en faire. Eux-mêmes firent les allumettes dont ils trempèrent les deux bouts dans le soufre ; et quand elle eut revu sur le poêle son ancien briquet à pierre, elle eut aussi recouvré son repos d’esprit. Or, c’était aussi un plaisir pour ies enfants que de demander à grand’mère si elle n’avait pas besoin qu’ils lui fissent des allumettes.

Ce qui leur plaisait le plus dans le mobilier de la chambrette, c’était le bahut peint. Ils aimaient à y contempler, sur un fond rouge, des roses bleues et vertes, à feuilles brunes ; les lis bleus et ces petits oiseaux, rouges et jaunes, dont les fleurs étaient entremêlées. Plus grande encore était leur joie de voir grand’mère ouvrir le coffre. C’est qu’il y avait de quoi regarder ! Du côté intérieur du couvercle étaient collées des images avec de petites prières, tous souvenirs de pèlerinages. Puis, sur le côté, il y avait un petit casier ; et que de choses s’y trouvaient ! Des papiers de famille, des lettres de sa fille de Vienne, un petit sac de toile, tout rempli des pièces d’argent que grand’mère avait reçues de ses enfants ; mais n’ayant point voulu en faire usage, elle ne les conservait que par plaisir. Uu écrin en bois renfermait un collier à cinq rangées de grenats, auquel était suspendue une médaille en argent, aux effigies de l’empereur Joseph et de Marie-Thérèse. En ouvrant l’écrin, ce qu’elle faisait toujours à la demande des enfants : « Vous voyez ces grenats, leur disait-elle ; c’est défunt votre grand père, qui me les a donnés à mon mariage ; quant à la pièce d’argent, je la tiens de la propre main de l’empereur Joseph. C’était un digne maître et seigneur. Que le