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généralement à Niscli et à Glatz ; t’en souviens-tu, Gaspar ? Car tu étais déjà assez grand et raisonnable quand nous y étions, » dit grand’mère à son fils. Elle laissa les enfants à toute la joie que leur causaient la vue de leurs cadeaux et elle s’assit à côté de son fils près au poêle.

Et comment ne m’en souviendrais-je pas ? C’est un bel usage et tu as bien fait Thérèse, de l’introduire ici : ce seront des beaux souvenirs pour les enfants, quand ils connaîtront les peines de la vie. Si loin qu’il soit à l’étranger, l’homme aime à se rappeler le souvenir de cette journée-là. Je le sais par expérience moi qui ai passé plusieurs années chez un maître, loin de la maison paternelle. J’étais souvent très bien chez un patron ; mais toutefois je me pensais toujours : Plût à Dieu que je fusse chez ma mère, où je n’aurais que de la bouillie avec du miel, des petits gâteaux couverts de grains de pavot, des pois et des choux ! Je donnerais bien pour y être tous les bons mets que j’ai ici. « Dans le compte de nos mets, lui dit grand’mère en souriant, tu as encore oublié les fruits secs. »

« Vous savez que je n’en raffolais pas ; on les appelle musique à Dobrousclica. Mais je me souvenais d’autre chose, que nous aimions à entendre annoncer. »

« Je sais ce que tu veux dire : le noël du cantique des bergers. On le connaît ici. Attends tu vas l’entendre bientôt, » dit grand’mère, et à peine achevait-elle ces mots qu’on entendit résonner du dehors, près de la fenêtre, la trompe du berger. Il préluda en faisant redire à son instrument seul la mélodie