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la pomme de l’enfant, pour tirer « sa bonne aventure ». En ouvrant la pomme, elle y vit que les pépins formaient une étoile, et trois beaux rayons dont deux n’étaient pas complets : ils étaient mangés au ver. Elle mit cette pomme de côté en soupirant et en coupa une seconde, qui donnerait « la bonne aventure de Barounka, et y apercevant une étoile qui n’était pas plus nette que la première, elle se dit : « Allons ! Il n’y aura de bonheur parfait ni pour l’un, ni pour l’autre. Deux autres pommes aussi ouvertes pour Guillaume et Adèle, présentèrent deux belles étoiles à quatre rayons. Ah ! peut-être que ceux-ci »… ; mais au même instant, Adèle l’arracha à sa pensée, en se plaignant de ce qu’à ce moment même, sa nacelle ne veut pas s’éloigner du bord, et de ce que la petite bougie est sur le point de s’éteindre.

« Et voici que la mienne s’éteint aussi ; sans s’être bien éloignée du bord, » dit Guillaume.

Au même instant quelqu’un donna un coup dans le vase ; l’eau se balança vivement de côté et d’autre et les deux petits bateaux, engagés au milieu, sombrèrent.

« Vous mourrez plutôt que nous ! » s’écrièrent Adèle et Guillaume.

« Mais qu’est-ce que cela fait, si nous allons plus loin dans le monde, » répondait Barounka ; et Jean était de son avis. Mais la mère qui regardait tristement les petites lumières éteintes eut un pressentiment dans l’âme que ce jeu, tout innocent et tout enfantin qu’il était, pouvait, après tout, renfermer l’oracle de leur avenir.