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disposera, lui dit grand’mère qui voulut la con soler. »

Christine essuya ses larmes, mais elle n’en demeura pas moins triste.

« Ne pense pas à cela, dit Mila en venant s’asseoir à côté d’elle : peut-être que le père trouvera quelque moyen d’arranger la chose.

Mais ne pourrais tu pas être « roi à la nuit longue », sans que cela tirât pour toi à conséquence ? lui demanda grand’mère.

Ah ! Il est bien vrai que, parmi nous, il y a des garçons qui fréquentent, à la fois, deux ou trois filles, avant d’arrêter sérieusement leur choix sur celle qu’ils épouseraient ; et il est vrai aussi que des filles en agissent pareillement ; en sorte que je ne serais pas le premier et le dernier galant de Lucie ; mais on n’en a jamais entendu dire dans notre famille qu’un garçon ait fréquenté deux filles à la fois : C’est pourquoi s’il accepte d’être à la nuit longue le roi de l’une, c’est autant dire qu’il l’accepte pour épouse. Ah ! s’il en est ainsi, tu feras bien de ne pas y aller, » dit grand’mère, en lui donnant raison.

« Mais quelle idée de Lucie de n’en vouloir pas d’autre que toi, comme s’il n’y avait pas assez d’autres jeunes gens chez vous, » dit Christine irritée.

« Le meunier dirait : On ne dispute pas des goûts, » dit grand’mère en souriant.

Avant la fête de Noël, les récits et les chants de cantiques, dans ces veillées, alternaient avec les conversations, dont le principal objet était la confection des flans de Noël. Et chacune de faire valoir la blancheur de la farine, la quantité de