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« C’est vrai disait Christine, et Jacques n’a peur ni du diable, ni de l’administrateur, qui est pire que le diable. »

« Comment donc ? » dit grand’mère en rappelant ses souvenirs ? Pendant que nous parlons de monsieur l’administrateur : peux-tu espérer, Jacques d’entrer en service au château ? »

« Je crois que toute esperance est perdue ; j’ai des ennemis de deux côtés, et beaucoup de méchantes femmes s’en mêlent. »

« Ne parle pas de cette manière : les choses pourront encore s’arranger, » dit Christine tout affligée.

« Je le souhaiterais bien autant que toi ; mais j’en doute. La fille de l’administrateur est terriblement en colère contre moi, de ce que nous avons joué pièce à cet Italien. Elle pensait bien à lui, dit on ; et quand la princesse l’a renvoyé à Vienne à cause de cela, elle a vu échouer tout son plan. Elle redit sans cesse aux oreilles de son père qu’il ne doit pas me prendre en service au château. C’en est déjà une celle-ci ! L’autre méchante pièce est Lucie, la fille du maire. Elle s’était mise en tête que je devinsse son roi dans « la nuit longue, et comme je ne peux pas lui octroyer cet honneur, monsieur le maire se fâchera ; et alors, au premier printemps que Dieu fera, je devrai entonner la chanson du conscrit : « Bois ! — Bois ! — Beau petit bois vert ! — Me voilà tombé soldat » — et Mila se mit à chanter, les filles l’accompagnèrent, à l’exception de la seule Christine qui fondait en larmes.

« Ne pleure pas, ma fille, il y a encore loin d’ici au printemps. Qui sait Christine ce que Dieu