Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 231 —

votre petit bas, dites à grand’mère qu’elle vous en prête un grand » ajoutait Christine.

« Cela ne va pas, » répliqua Jean ; « car alors nous y perdrions trop, nous autres.

« C’est à vous que saint Nicolas ne doit qu’un fouet » dit Christine qui voulait le taquiner un peu. Mais Jean lui répondit : « Mais saint Nicolas sait très bien que grand’mère tient encore caché le fouet de l’année dernière, et qu’elle ne nous bat jamais. Cependant grand’mère fit l’observation que Jean l’avait mérité plus d’une fois.

Le jour de sainte Lucie était particulièrement désagréable aux enfants. Il régnait cette superstition que Lucie femme blanche, très grande et les cheveux en désordre rôdait dans la nuit de sainte Lucie ; et les enfants étaient effrayés de ce qu’elle devait venir les prendre, s’ils n’étaient pas obéissants[1]. Timidité pusillanime est folie, disait grand’mère qui n’aimait point qu’on fît peur aux enfants. Elle leur apprennait à ne craindre que la colère de Dieu ; mais de les détourner de quelques superstitions comme le faisait ordinairement leur père, quand ils se mettaient à lui parler d’ondins, de mauvais esprits, de feux follets, d’hommes de feu, qui roulent quelque fois devant l’homme comme une botte de paille, et qu’il faut encore bien remercier, chemin faisant du plaisir qu’ils ont causé etc, c’est

  1. Cette superstition existe aussi en Slavonie, où il se dit, que Lucie, les cheveux en désordre, enveloppée d’une étoffe blanche, coiffée d’un crible, se promène par la ville.